Culture

Qu’est-ce qui se cache derrière le nom des stations de métro : Vieux-Lyon Cathédrale St Jean ?

Fontaine saint-Jean-Baptiste

 

Philippe le Bel raconte :

– Quand même, ils ont beau se pâmer devant leur cathédrale, on les voit à peine les armoiries, là, juste au-dessus du portail central !

La primatiale saint-Jean

Certes à droite on reconnaît ma couronne, mon sceptre, la fleur de lys, symboles de mon royaume, à gauche les armes du pape, sa tiare, les clés de Saint-Pierre liées par un cordon de gueules mais je parie qu’ils sont nombreux ceux qui en ignorent la signification…

Les armes de Philippe IV à droite, celles du pape Clément V à gauche

A quoi c’la sert-il qu’au travers de la plume du grand Druon, je devienne aux yeux des Français le roi maudit, si personne ne me remet quand apparaissent mes attributs ? Ah ce Maurice, quel  académicien, inspiré et très documenté, qui en profite pour noircir le trait en insistant sur mon caractère impitoyable… ce qui me vaut le surnom de roi de fer ! Il n’oublie pas non plus, le cher homme, mon côté extrêmement cupide… moi qui convoite le trésor des Templiers ! Et comment, pour arriver à mes fins, je place la papauté sous la tutelle du royaume de France en m’achetant les services de Clément V, tout juste couronné à Lyon (1305), que je déplace en Avignon…

Je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette…

Obéissant, presqu’obséquieux, ce dernier convoque un concile à Vienne (1312) au cours duquel il obtient, après fabrication de fausses preuves la dissolution de l’ordre. Et qui en confisque les biens ? Moi bien sûr ! D’ailleurs je fais d’une pierre deux coups : ces comtes-archevêques de Lyon qui défendent leur puissante principauté ecclésiastique bec et ongles m’insupportent ! Qu’à cela ne tienne, je fais basculer leur territoire dans l’escarcelle du royaume de France (traité de Vienne 10 avril 1312) ! Maudit à Lyon, maudit en France, je me souviens encore des paroles tranquillement prononcées par Jacques du Molay, le grand maître de l’ordre des Chevaliers du Temple, au moment de périr sur le bûcher, condamné pour hérésie : « – Dieu sait qui a tort. Vous serez tous maudits sur treize générations. ».

Le lai d’Aristote

Deux ans plus tard, Clément V meurt d’un cancer des intestins… Quant à moi, je fais, au cours d’une partie de chasse, une mauvaise chute de cheval et voilà que je trépasse…

Au chevet, une pierre de remploi du forum romain

A propos, saviez-vous que la superstition liée au chiffre 13 qui porterait malheur vient en partie de cet épisode, les Templiers étant arrêtés un vendredi 13 ?

 

 

Qui se cache derrière le nom des stations de métro : Hôtel de Ville-Louis Pradel

Dans l’esprit de la chanson de Jacques Prévert Pour faire le Portrait d’un Oiseau, découvrons celui de Louis Pradel, maire de Lyon de 1957 à 1976 

Pour faire le portrait d’un maire de Lyon : Louis Pradel alias zizi-béton

 Peindre d’abord un enfant qui pousse en Beaujolais,
p
rès d’un grand-père amoureux de roses… Voilà  la porte grande ouverte sur la beauté !         

Les roses en Beaujolais des Pierres Dorées

Peindre ensuite un garçon,

qui à l’école, va à reculons…

C’est qu’il cherche avant tout à se rendre utile.

Mécanique, sens du contact, ça lui est tellement facile…

Le lion de Lyon

qu’il est propulsé chef des ventes chez Peugeot,

La marque au lion. Belle prémonition,

pour celui qui va occuper le bureau

19 ans durant de la mairie de Lyon !

Placer ensuite sa femme à ses côtés ;

Fille de notables de souche,

en haut de l’échelle il est transporté…

Assurément ce mariage fait mouche !

 

Maintenant fondé de pouvoir, vite quitter ce béret, il lui faut paraître sans cette allure de benêt…

 

Voilà que la nuit s’abat sur l’Europe,

Il entre en résistance, fonde Le Coq Enchaîné,

fait de sa maison un arsenal pour mettre un stop

à la barbarie, la bestialité, les atrocités…

 

Quand la ville est libérée par Brosset le Général,     

Le Général Diego Brosset, libérateur de Lyon le 3 septembre 1944

les marches de la mairie il monte dare-dare.

En récompense, il y entre, au conseil municipal,

Sa carrière politique alors démarre.

 

Se cacher derrière le petit père du peuple lyonnais,         

1, rue d’Herbouville 69004 Lyon

Le temps de faire ses premières armes,

Maintenant qu’ Herriot s’en est allé,

C’est le Pradélisme qu’on acclame !

 

Il gère sans parti, sauf le sien, marqué au bas du tableau :

Pour la Réalisation Active Des Espérances Lyonnaises !

L’heure est à la reconstruction : les pavés au caniveau !

Le béton, ça cimente à tout va, n’en déplaise !

L’écoute ça lui tient à coeur : il dialogue avec Ulla.

Désormais affublé du sobriquet « zizi-béton », il donne le la !

 

Tout à l’auto, plat de nouilles, tunnel, A7,

ça n’l’empêche pas d’être à ses heures poète…

L’important c’est la rose, lui susurrait son aïeul,

En voilà partout au grand parc, sans l’ombre d’un glaïeul !

Inauguration de la roseraie internationale au parc de la Tête d’Or le 19 juin 1964 en compagnie de Grâce de Monaco

Inventaire époustouflant, œuvre colossale, véritable avalanche,

il fait creuser le métro,  crée le MGR, inaugure le CIRC, la Part-Dieu

Se tue à la tâche, pas de répit, pas même le dimanche,

un vilain crabe lui ronge l’estomac, le force à l’adieu…

Inauguration du Centre International de Recherche contre le Cancer en compagnie des Pompidou-1972

Sa ville ô combien reconnaissante

Ecrit son nom dans un coin du tableau,

Lui dédie une place à l’Hôtel de Ville attenante,

Où son buste regarde vers son ancien bureau.

Le buste de Louis Pradel sur la place qui lui rend hommage
Ampère le père de l'électricité

Qui se cache derrière le nom des stations de métro de Lyon : Ampère-Victor Hugo

Une saison touristique plus tard, le virus, toujours là, joue avec nos nerfs, passant d’un variant à un autre… Nous faudra-t-il apprendre l’alphabet grec en entier ?

Profitons-en pour nous balader en ville, masqués jusqu’au nez, bien sûr, et arrêtons-nous à la station AmpèreVictor Hugo se souvient de celui qui inventa le vocabulaire de l’électricité…

Trompe l’oeil, rue Ampère à Villefranche sur Saône

Dans la collection “Choses Vécues”, Hugo se souvient d’Ampère :

 

Hier de ce mois de février, je vais par la montagne, je vais par la forêt ! Ô les monts d’or, ces bois sauvages, j’y trouve mon souffle, un rivage ! Il fait beau mais très froid et  je le croise, là, devant la maison paternelle de Poleymieux. Il a 27 ans, il part pour la Bresse… Il est grand, ses yeux gris sont tout écarquillés, prêt qu’il est à dévorer le monde… A Bourg, le voilà qui professe la physique. Ah ça, ça lui fait tout drôle d’enseigner, lui qui n’a jamais été à l’école ! Son père, Jean-Jacques l’éclairé, en fait  son « Emile », selon les préceptes rousseauistes alors très en vogue.  Il gagne aux côtés de ce père-philosophe son latin et se plonge avidement dans l’Encyclopédie et le Dictionnaire de Trévoux.

Fresque Hôtel des Postes – Louis Bouquet 1937

« Savoir étant sublime, apprendre sera doux », c’est bien ce que je prophétisais A Propos d’Horace… Cette citation lui sied à merveille ! Il a vraiment la lumière à tous les étages : il présente à 13 ans à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon un mémoire sur la quadrature du cercle ! Du haut de leurs sphères, les savants, impressionnés, parlent de brillance, de flammes célestes, de cellules grises en ébullition, d’un esprit générateur d’étincelles, de fulgurances.

Son aspect est quelque peu rustique, son menton fourchu ? Qu’importe, il y a cette femme, Julie, son Esméralda, son soleil… Ses cheveux sont or, ses yeux azur…Bien rangées dans leur carquois, les flèches de Cupidon piaffent d’impatience ; l’une d’elle, tel l’éclair, foudroie le cœur du grand savant. Amour fou, flamboyant, fatal… Julie malade, se meurt, André-Marie, misérable, se morfond… Pour oublier, il se galvanise au travail… le voilà qui théorise l’électromagnétisme. C’est en lisant sa fameuse «Classification des Sciences » que je reconnais en lui un humaniste, du XIXe… Humaniste romantique, constamment tourmenté, dévoré par son obsession de découvrir, il implore régulièrement son ami  Claude Bredin, directeur de l’école vétérinaire de Lyon, en ces termes : « Je ne trouve que des vérités. Enseigne-moi la Vérité » !

L’ampère

Hélas, mille fois hélas, à trop chercher, il se perd : ce surrégime le mène implacablement à l’épuisement, après avoir accouché d’une œuvre gigantesque.

Je me souviens, c’était en 1881, mon Dieu que j’étais  bien vieux déjà… j’écris son nom dans mon petit cahier ; oui, c’est officiel, l’ampère est choisi à l’échelle mondiale comme unité d’intensité du courant électrique. Vous parlez d’un événement ! Peu nombreux sont ceux qui ont droit à l’onomastisme* !

Peu après, au cours de mes Contemplations, je le rencontre, figé sur une place, la sienne ; assis sur son socle, insaisissable, tout irrigué de formules. C’est la ville de Lyon qui glorifie son illustre fils, le Newton de l’électricité !

Statue-dAndre-Marie-Ampere-place-Ampere-Lyon-2e-metro-Ampere-Victor-Hugo
Statue-dAndre-Marie-Ampere-place-Ampere-Lyon-2e-metro-Ampere-Victor-Hugo

*onomastisme : du grec nommer, est un mot entré dans le langage courant qui trouve son origine dans un patronyme