Isabelle

Qui se cache derrière le nom des stations de métro : Hôtel de Ville-Louis Pradel

Dans l’esprit de la chanson de Jacques Prévert Pour faire le Portrait d’un Oiseau, découvrons celui de Louis Pradel, maire de Lyon de 1957 à 1976 

Pour faire le portrait d’un maire de Lyon : Louis Pradel alias zizi-béton

 Peindre d’abord un enfant qui pousse en Beaujolais,
p
rès d’un grand-père amoureux de roses… Voilà  la porte grande ouverte sur la beauté !         

Les roses en Beaujolais des Pierres Dorées

Peindre ensuite un garçon,

qui à l’école, va à reculons…

C’est qu’il cherche avant tout à se rendre utile.

Mécanique, sens du contact, ça lui est tellement facile…

Le lion de Lyon

qu’il est propulsé chef des ventes chez Peugeot,

La marque au lion. Belle prémonition,

pour celui qui va occuper le bureau

19 ans durant de la mairie de Lyon !

Placer ensuite sa femme à ses côtés ;

Fille de notables de souche,

en haut de l’échelle il est transporté…

Assurément ce mariage fait mouche !

 

Maintenant fondé de pouvoir, vite quitter ce béret, il lui faut paraître sans cette allure de benêt…

 

Voilà que la nuit s’abat sur l’Europe,

Il entre en résistance, fonde Le Coq Enchaîné,

fait de sa maison un arsenal pour mettre un stop

à la barbarie, la bestialité, les atrocités…

 

Quand la ville est libérée par Brosset le Général,     

1898-1944, libérateur de Lyon le 3 septembre 1944

les marches de la mairie il monte dare-dare.

En récompense, il y entre, au conseil municipal,

Sa carrière politique alors démarre.

 

Se cacher derrière le petit père du peuple lyonnais,         

1, rue d’Herbouville 69004 Lyon

Le temps de faire ses premières armes,

Maintenant qu’ Herriot s’en est allé,

C’est le Pradélisme qu’on acclame !

 

Il gère sans parti, sauf le sien, marqué au bas du tableau :

Pour la Réalisation Active Des Espérances Lyonnaises !

L’heure est à la reconstruction : les pavés au caniveau !

Le béton, ça cimente à tout va, n’en déplaise !

L’écoute ça lui tient à coeur : il dialogue avec Ulla.

Désormais affublé du sobriquet « zizi-béton », il donne le la !

 

Tout à l’auto, plat de nouilles, tunnel, A7,

ça n’l’empêche pas d’être à ses heures poète…

L’important c’est la rose, lui susurrait son aïeul,

En voilà partout au grand parc, sans l’ombre d’un glaïeul !

Inauguration de la roseraie internationale au parc de la Tête d’Or le 19 juin 1964 en compagnie de Grâce de Monaco

Inventaire époustouflant, œuvre colossale, véritable avalanche,

il fait creuser le métro,  crée le MGR, inaugure le CIRC, la Part-Dieu

Se tue à la tâche, pas de répit, pas même le dimanche,

un vilain crabe lui ronge l’estomac, le force à l’adieu…

Inauguration du Centre International de Recherche contre le Cancer en compagnie des Pompidou-1972

Sa ville ô combien reconnaissante

Ecrit son nom dans un coin du tableau,

Lui dédie une place à l’Hôtel de Ville attenante,

Où son buste regarde vers son ancien bureau.

Le buste de Louis Pradel sur la place qui lui rend hommage

Qu’est-ce qui se cache derrière le nom des stations de métro de Lyon : Gratte-Ciel

Gratte-Ciel, le Réveil…

Dans ce lépreux marécage,

Ce taudis ô combien maudit,

Vivaient entassés, sans  âge

Enfants, ouvriers amaigris…

Surgit un  Maire-Miracle :


Lazare Goujon, maire de Villeurbanne de 1924 à 1935

Nous par Lyon annexés ?

Fi d’une telle débâcle !!!!!

Ainsi naît l’utopie vite réalisée…

…Où l’architecte* hors norme

Rêve, à une allure édifiante,

Un grand œuvre sans borne

Pour cette cité galopante…

Comme sorti de Chicago,

De son école, il trace, vertical,

Un élan illustré d’art déco,

Manifeste d’1 patrie idéale…

Vue d’ensemble sur les gratte-ciel

2 phares surgissent de terre,

Porte d’entrée en hallebardes.

Tours les plus hautes en l’air

Dans toute la nation cocarde.

Le-Répit-du Paysan-Jules-Pendaries 1932

Avant déjà se dresse un colosse

Paysan en quête de  répit,

Echo d’un abri en cosmos,

Avec beffroi fier tel un i

L’hôtel de Ville

La mairie et son beffroi

Champ Elysée provincial,

Babel d’escaliers, d’arcades,

P’tit pied d’nez à la rivale

En symbole de barricade !

Gratte-Ciel errigés telle une barricade contre Lyon

Beauté des maisons nuage

Le long de l’allée réparties,

Eau, gaz, à tous les étages

D’hygiène le projet est pétri !

Porte d’entrée art déco d’un gratte ciel

L’échiquier est clos à l’ouest

Par hier le palais du travail.

Ce jour un théâtre s’y dresse,

Scène illustre & nationale !

Théâtre National Populaire

Villa Urbana, ses quartiers

Innovent un cœur urbain,

Où, tutoyer le ciel, son voisin,

Invite à vivre centré, aligné…

Colonne art déco place Lazare Goujon
*Môrice Leroux

Qu’est-ce qui se cache derrière le nom des stations du métro de Lyon : Cordeliers

Là où il y a de la haine, que je mette l’amour

  • Ouah, qu’est-ce qu’elle brille la façade ! Faut dire qu’elle avait besoin d’un bon décrassage, cette église !

  • Eglise saint-Bonaventure avant son ravalement 2022-2023
  • Ah ça oui ! qu’est-ce qu’elle a été négligée, la pauvre ! C’est insensé, quand on pense qu’à l’époque de Bonaventure, elle était trop petite pour accueillir toute la foule amassée venue pleurer sa disparition…

  • Bonaventure ? c’est une blague !

  • Vitrail saint-Bonaventure
  • Attention à ne point blasphémer mon fils ! C’est François qui s’écrie, en voyant son disciple malade : « O buona ventura! »

  • François ?

  • Oui, François, le riche drapier d’Assise qui, renonçant au monde matériel, fonde l’ordre des moines mendiants qui portent son nom, les Franciscains ; il se pare alors d’une bure… une tunique en forme de croix coupée dans une étoffe rêche avec pour toute ceinture une corde… Tu comprends mon fils ?

  • Euh… une corde ?

  • Parfaitement, une corde, le symbole du dénuement…mais pas n’importe quelle corde, une corde à nœuds…

  • A nœuds ?

  • Oui, à nœuds. Vas mon fils, au Musée des Beaux Arts, le Louvre lyonnais… Pars tel le pèlerin du Moyen Âge, franchis le seuil du lieu sacré des peintres du grand siècle… Tu ne vas pas en croire tes yeux : il y a là une représentation saisissante de ce saint, ce passeur de joie, qui consacre sa vie aux lépreux et autres démunis. C’est le peintre Zurbaran, grand mystique de l’âge d’or espagnol qui le représente dans un tableau tout en ombre et hallucination, une œuvre habitée de mystère. C’est comme une apparition, mon fils…attends-toi à être frappé, à découvrir le petit pauvre, en extase, les yeux révulsés, tournés vers le ciel, oui le ciel, bien sûr, le ciel ! Quoi d’autre que le ciel ? Un détail ? Il veille, dans la sombre éternité, l’âme sur son sein, tranquille… Il a un trou rouge au côté gauche. Un autre ? A la taille, il porte cette corde… et ses nœuds… Oui, mon fils, cette corde qu’il porte en guise de ceinture est nouée des vœux de son ordre qu’il fonde en 1223, note bien mon fils : pauvreté, chasteté, obéissance.

  • Mon père, sans votre parole, jamais je n’aurais pu saisir ce symbole !

  • Mon fils, c’est cette corde qui donne son nom à l’ordre de ces frères mendiants, les Cordeliers, repérés par Saint Louis pour leur courage lors de la croisade de 1250…

  • Et je parie que le quartier s’appelle ainsi en raison de la présence d’un couvent habité alors par ces moines mendiants…

    Le Couvent des Cordeliers à la Renaissance

     

  • Alléluia ! D’ailleurs c’est assez cocasse de constater qu’au Moyen-Âge le lieu abritait de pauvres moines vivant de la charité publique et qu’aujourd’hui le quartier, coeur battant de la Presqu’île, a vendu son âme au commerce !

    Le Grand Bazar inauguré le 8 novembre 1886

    Mon fils, sais-tu que le couvent fut, comme tant d’autres à Lyon détruit par les révolutionnaires ? Imagine : ceux de la Convention se servent de l’église comme grenier à grains, quel sacrilège ! C’est le cardinal Fesch, l’oncle de Napoléon qui lui sauve la vie, quand il devient archevêque de la ville. Oui, c’est lui qui lui attribue sa façade…

  • Qui avait bien besoin d’être ravalée ! 

    L’église des Cordeliers après son ravalement mai 2023

     

  • Amen !